Texte écrit avant les élections fédérales
de 2003
Dans ce vaste domaine, j'aimerais mettre en avant quatre
idées.
1) Les impôts sont un
mal nécessaire, et non pas une cible pour démaguogues.
Sans impôts, il n'y aurait ni redistribution de richesses, ni de service
public. Or, une société trop inégale devient vulnérable:
violence, faiblesse de la consommation des ménages, etc.
Défendre les impôts ne signifie pas pour autant les figer: il
faut alléger quelque peu la fiscalité des familles, et renforcer
en contre-partie l'impôt sur les successions
(à lire: Impôt
sur les héritages, le plus équitable de tous les
impôts et Démagogie
fiscale: Quand les fourmis deviennent cigales ).
2) Donner à
chacun sa chance et
consolider la solidarité.
Le savoir et
la formation sont de plus en plus importants dans le monde du
travail. Les emplois non-qualifiés tendent à disparaître. Il
est donc décisif de "mettre le paquet" pour que chaque
personne puisse bénéficier d'une bonne formation. Sur le plan philosophique, c'est
la base de l'émancipation de l'individu. Sur le plan économique,
c'est le meilleur moyen de combattre la pauvreté, en donnant à
chacun les outils nécessaires pour gagner correctement sa vie.
Mais il ne faut pas être naïf: il y aura
toujours des personnes qui ne sauront ou ne pourront pas faire face à l'évolution technologique,
à l'obsolescence de leurs connaissances, à la maladie, etc. Et ces
personnes doivent bénéficier d'une forte solidarité. Car tout
être humain a
le droit à une existence digne.
Contrairement à ce que l'on entend à longueur de
journées, la solidarité est plus que jamais d'actualité. Plus
l'économie devient performante, plus nous en avons besoin. Car le
bien-être d'une société se mesure à la place qu'elle réserve au
plus faible de ses membres.
3) La Suisse a besoin d'un secteur privé
dynamique et producteur de richesses.
Contrairement aux
théories en vogue, je pense que les libéralisations frénétiques et
la pression sur les dépenses publiques paralysent l'économie
privée: l'incertitude est en effet un poison pour les acteurs
économiques (à lire: Quand les politiques économiques génèrent l’incertitude).
Cela enclenche un cercle vicieux, car un secteur privé qui va mal
paie encore moins d'impôts et génère plus de chômage, ce qui
pèse sur les finances publiques. Au lieu d'imposer des cures d'économie
destructrices à elle-même ainsi qu'aux cantons et aux
communes, la Confédération ferait mieux de tolérer momentanément
davantage de déficit. La Suisse a encore une marge de manœuvre.
Emportée par une dérive idéologique, la droite est en train de
ruiner la substance économique de la Suisse.
4) Il est économiquement absurde de vouloir
privatiser des services publics de réseaux.
Cela revient permettre à
des actionnaires privés d'exploiter des monopoles naturels au détriment
de l'intérêt général. Le récent black-out
énergétique au nord-est des USA et l'évolution des prix du
courant en Europe pendant la canicule (jusqu'à 4 euro le KWH)
montrent où mène la privatisation des services
publics de réseau: elle permet aux repreneurs d'engranger des
bénéfices en sous-investissant et en
facturant des prix surfaits. Ce n'est pas dans l'intérêt des
entreprises consommatrices d'électricité et des particuliers. (à lire:
Télécommunications
- Tentative de hold-up sur le monopole naturel
et A La Poste, on bafoue l'efficacité et la démocratie).
RN, septembre 2003
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