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24 Heures 27.10.2014 Les trois erreurs de raisonnement d'EcoPop À en croire son titre officiel «Halte à la
surpopulation – Oui à la préservation durable des ressources
naturelles», l’initiative Ecopop viserait la protection de
l’environnement. Malheureusement, ce texte n’aurait aucun effet
écologique, car elle se base sur trois erreurs. Premièrement, les problèmes écologiques globaux
de notre époque nécessitent des mesures concrètes, qu’il
s’agisse de combattre le réchauffement climatique, l’épuisement
des ressources naturelles, la pollution des eaux ou encore la réduction
de la biodiversité. Il s’agit de passer aux énergies
renouvelables et d’augmenter l’efficacité énergétique. Ou
encore d’organiser le recyclage global des matériaux.
Etrangement, le texte de l’initiative Ecopop ne propose aucune
mesure concrète sur les enjeux environnementaux, et n’aura donc
aucun effet. Deuxièmement, Ecopop mélange l’impact global
de la population humaine et l’endroit où vivent les individus. Il
est évidemment souhaitable de maîtriser la croissance de la
population humaine, j’y reviendrai. Mais la question de savoir où
vivent les individus n’a presque aucun impact écologique.
Aujourd’hui, que l’on vive en Suisse ou en Chine, les émissions
de gaz à effet de serre par personne sont à peu près identiques,
de l’ordre de 7 tonnes par an et par personne. Et d’ailleurs,
une partie des émissions de CO2 de la Chine sert à produire des
biens importés en Suisse. Ecopop croit que la migration est là
cause des problèmes écologiques. Or, le plus souvent, c’est
l’inverse qui est vrai: la migration est la conséquence de la dégradation
du milieu naturel et des mauvaises conditions de vie. La meilleure
antidote, c’est organiser la préservation de l’environnement et
assurer le développement. Avec son obsession antidéveloppement,
l’initiative passe donc complètement à côté du sujet. Troisième erreur, Ecopop prétend vouloir maîtriser
la démographie par un encouragement au planning familial dans le
tiers-monde. Or l’expérience de ces 30 dernières années montre
que la baisse de la natalité vient avec l’alphabétisation des
populations, en particulier féminines, et avec le développement économique.
Le déclin de la natalité en Asie l’illustre cette évolution réjouissante
de manière exemplaire: de 1970 à aujourd’hui, la natalité y est
passée de cinq à deux enfants par femme. C’est une question de développement,
et non pas de la technique contraceptive. En définitive, l’initiative n’a rien d’écologique. Sa couleur verte n’est qu’un cache-sexe de petite envergure. Il s’agit d’une vulgaire initiative xénophobe. C’est à cette aune qu’elle doit être jugée. Son texte est d’ailleurs encore plus extrême que l’initiative dite «Contre l’immigration de masse» acceptée en février, puisqu’il prévoit explicitement que la Suisse devra dénoncer les accords bilatéraux d’ici à 2018. Le rejet clair et net de cette initiative pourrait d’ailleurs poser un premier jalon sur le difficile chemin du sauvetage des accords bilatéraux .
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