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25.9.2013 Journal du PSV Sortie du nucléaire: l’aboutissement
provisoire de 40 ans de luttes Mercredi
4 septembre 2013, le Conseil fédéral a présenté son projet de
loi sur l’Energie. «Buisness
as usual», aurait-on pu croire en observant le déroulement de la
journée: la conférence de presse de Doris Leuthard était en effet
précédée d’une conférence d’Eveline Widmer-Schlumpf présentant
la nomination du Secrétaire d’Etat Jacques de Wattville et suivie
d’une intervention de Simonetta Sommaruga annonçant un contingent
de réfugié-e-s syrien-ne-s. Et le tout accompagné de 19 communiqués
de presse sur des points plus divers. Dans
cette masse de communications mêlant allégrement l’accessoire à
l’essentiel, c’est à la quarantième page du paquet de
modifications législatives sur l’énergie que se cache la phrase
fondamentale. Le Conseil fédéral propose en effet d’inscrire à
l’article 12 de la Loi sur l’énergie nucléaire l’alinéa
suivant: «4
L’octroi d’autorisations générales pour la construction de
centrales nucléaires est interdit». La
concision de cet alinéa contraste avec les longues luttes que ce
combat a nécessité. Pour y parvenir, il a fallu subir deux
catastrophes nucléaires majeures, organiser d’innombrables
manifestations, à commencer par celles de Kaiseraugst en 1975, et
mener des luttes locales acharnées, comme celle de la région
d’Ollon contre un dépôt de déchets radioactifs.
Mais la mobilisation a fini par payer. Fondamentalement,
c’est l’histoire d’un tissu de mensonges qui se détricote
progressivement, la chute d’une maille entraînant celle de la
suivante. En 2011, la survenance d’un accident dans un pays «high-tech»
a tué l’argument selon lequel un accident n’était possible
qu’à cause de l’incurie soviétique.
Alors que l’on parlait d’un risque d’accident de
1/100’000, il est devenu clair que le risque était d’au moins
1/100: sur les 500 réacteurs en service commercial, déjà cinq ont
fini leur vie par une fusion du coeur (1 à Three-miles-island, 1 à
Tchernobyl et 3 à Fukushima). Pour la première fois, la question
de la sécurité des centrales suisses a été examinée de manière
critique. Les rééquipements imposés pour la sécurité ont mis
sur la table la question de la rentabilité du nucléaire. Peu à
peu, il est devenu possible de poser la question des coûts de démantèlement
et de gestions des déchets, comme le PSS l’a fait le 5 avril 2013
(voir).
Finalement, en août 2013, le Conseil fédéral a tiré la sonnette
d’alarme, en proposant d’augmenter substantiellement les
versements des exploitants de centrales aux fonds de démantèlement
et de gestion des déchets. L’incapacité du Japon à gérer les
suites de la catastrophe permet aujourd’hui de poser en Suisse la
question de l’impact d’un accident sur l’approvisionnement en
eau, puisque l’éloignement de la mer rendrait particulièrement
complexe la gestion d’une centrale avariée. Reste
que l’aboutissement n’est que provisoire.
Les deux prochaines étapes sont désormais agendées: faire
voter le paquet au parlement, y compris le soutien au renouvelable
et à l’efficacité énergétique, puis contrer le référendum
annoncé. En
revanche, l’arrêt rapide des trois vieilles centrales nucléaires
n’est pas encore acquis, ni d’ailleurs la date d’arrêt des
deux autres grosses centrales. Le chemin s’annonce donc encore
long et ardu, d’autant qu’après l’arrêt du dernier réacteur,
la déconstruction des centrales et la gestion des déchets nous
occuperont pendant de nombreuses générations.
La lutte continue donc.
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Contact: Roger Nordmann, Rue de l'Ale 25, 1003 Lausanne, Twitter @NordmannRoger 1.04.2017 |