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10.04.2012 Après le tournant de l’énergie, vivement celui des transports Roger Nordmann, conseiller national (VD), vice-président de l'ATE 10.04.2012 En septembre 2010, l’Association Transport et Environnement déposait son initiative populaire « Pour les transports publics ». Cette proposition, en faveur de laquelle le PS a récolté 30'000 signatures, propose de fixer des priorités claires pour le développement en matière de transport. Il s’agit de miser davantage sur les investissements dans les transports publics et de les financer en réaffectant une partie des moyens prévus pour construire de nouvelles autoroutes. Par voie de conséquence, elle impose de renoncer à de grands développements autoroutiers. En proposant d’établir des priorités, cette initiative dérange car elle contraint à réexaminer l’orientation générale de notre politique des transports. Pourtant, face à la crise énergétique, au réchauffement climatique et à la rareté de l’espace en Suisse, un tel examen s’impose. Voulons-nous rester dans la logique du « toujours plus de transport » ou viser plutôt une amélioration qualitative ? La seconde option s’impose sans ambigüité car, sous sa forme actuelle, le système des transports est loin d’être durable, que ce soit en termes d’énergie, de climat ou d’aménagement du territoire. Globalement, les transports absorbent un bon tiers de l’énergie consommée en Suisse et sont responsables de la moitié des émissions de CO2. Cette dépendance aux énergies fossiles est non seulement nuisible pour le climat, mais elle constitue une véritable épée de Damoclès : sous sa forme actuelle, notre système de transport ne survivra pas à l’épuisement du pétrole. En outre, les infrastructures routières occupent énormément d’espace et induisent un éparpillement considérable des activités et des lieux de vie. Cette dispersion augmente à son tour la demande de mobilité, dans une interaction diabolique entre transports et occupation de l’espace. A l’avenir, il faut donc essayer de contenir la consommation de transports, et satisfaire la demande de la manière la plus propre et durable possible. Cela implique, d’une part, de privilégier les transports ferroviaires, six fois plus économes en énergie que la voiture et, d’autre part, de poursuivre les efforts pour réduire la consommation et les émissions des véhicules routiers. Outre l’aménagement du territoire, les choix de la politique des infrastructures constituent un des paramètres centraux. En effet, en matière de transports, l’offre détermine largement la demande: que l’on ajoute une piste à une autoroute saturée, et la demande augmentera au point de saturer à nouveau ce tronçon quelques années plus tard. Pour autant que l’on n’augmente pas le prix du billet, la même règle prévaut pour les transports publics. En proposant de réorienter les flux d’investissement des autoroutes vers les transports publics, notre initiative pose les bases d’une modernisation structurelle de la mobilité. Sans surprise, elle suscite une irritation maximale dans les rangs du lobby de la mobilité du siècle passé, genre TCS, Routesuisse et economiesuisse. La bataille s’annonce donc aussi musclée que passionnante, d’autant que ces lobbies promeuvent d’importants projets de constructions autoroutières. D’ailleurs, notre initiative sur les transports publics a déjà été jugée suffisamment crédible pour que le Conseil fédéral se sente obligé de lui opposer un contre-projet direct, et ceci avant-même l’acceptation de l’initiative Franz Weber. Mieux encore, ce contre-projet répondant au doux nom de « FAIF », comporte des éléments intéressants, même si son ampleur en terme ferroviaire est insuffisante. Son principal défaut est ailleurs : le texte n’ose pas affronter la question remettre en question les financements autoroutier, toujours tabous en haut lieu. |
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Contact: Roger Nordmann, Rue de l'Ale 25, 1003 Lausanne, Twitter @NordmannRoger 1.04.2017 |