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Roger Nordmann

Conseiller national

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10.10.11 - Point Fort socialiste

Méfions-nous de la horde expertocratique 

Le 6 septembre, la Banque nationale suisse (BNS) a imposé aux marchés une baisse du franc. Comment une telle décision a-t-elle pu se mettre en œuvre alors que dans les mois qui l’ont précédée, une armée d’experts nous assénait qu’elle était impraticable ? Comment un tel hiatus entre la réalité et le discours a-t-il pu se produire ? Retour sur image et mise en perspective.

Aux yeux des économistes sérieux, le succès de la Banque nationale suisse dans la lutte contre la force excessive du franc n’est pas une surprise. Notre institut d’émission a pu sans peine abaisser la valeur de notre monnaie. En effet, la BNS peut créer autant de francs qu’il en faut pour acheter les devises nécessaires à défendre le nouveau cours. Il est même amusant de constater comme les cambistes sont terrorisés à l’idée que la BNS pourrait répéter la manœuvre en rehaussant le cours plancher. A mi-septembre, il a suffi d’une fausse rumeur pour faire bondir le cours du franc de 1.20 à 1.23. Depuis, le franc n’est plus retourné à son cours plancher.

Dès janvier, le PS a demandé à la BNS à de nombreuses reprises de lutter contre la force du franc pour éviter qu’une grave récession ne s’installe. Longtemps seuls sans ce combat, le PS et les syndicats ont progressivement vu de nouveaux cercles se rallier à cette idée. Logiquement, ce sont d’abord les milieux de l’économie réelle, comme l’industrie des machines (Swissmem) qui ont admis la nécessité. En dernier lieu, sous la menace d’une grave crise économique, l’UDC et la Weltwoche ont finalement dû cesser leurs attaques incessantes contre M. Hildebrand, Président du directoire de la BNS. On rappellera ici que cet hebdomadaire l’avait qualifié de « faux-monnayeur » suite aux premières et timides interventions de la  BNS sur les marchés des changes.

Alors que le consensus politique se consolidait et donnait les coudées franches à la BNS, la horde expertocratique continuait de sévir dans les médias. D’innombrables conseillers en placement, banquiers, gestionnaires de fonds, chargés de communication de hedge-fund, professeurs « d’ingénierie financière » et autres experts autoproclamés continuaient à nous expliquer qu’il était impossible de dévaluer le franc. Une fois la décision prise, ces milieux ont encore continué pendant plusieurs jours d’affirmer que la BNS ne pourrait pas tenir. Pendant son dernier week-end à la tête de l’UBS, Oswald Grübel s’est encore répandu en critique contre la BNS, dans une véritable invitation à la spéculation contre le franc. Il ignorait probablement à ce moment-là que le piège s’était refermé sur l’un de ses traders, qui aurait, quel hasard, probablement perdu ces 2 milliards en raison de la dévaluation du franc (selon Le Temps). On observera que, si ce trader avait lu les positions du PSS, il aurait vu venir la dévaluation… cela montre combien l’ignorance est sévèrement punie en la matière !

Cette offensive de communication des milieux financiers ne doit évidemment rien au hasard. Ils voulaient absolument éviter que la BNS s’en prenne frontalement au marché des changes. Car ce faisant, la BNS allait casser le dogme absolu de l’intangibilité des marchés. Pire, elle le faisait sur l’un des marchés les plus symboliques de l’ultra-libéralisme, le marché des changes. Le succès de la BNS est un échec majeur pour les absolutistes du marché.

Cet épisode et le babillage qui l’a entouré montre l’importance du discours et la virulence de la bataille pour imposer une interprétation dominante. Malgré le modeste succès de la BNS dans la défense de l’intérêt général, il reste beaucoup à faire, en Suisse comme à l’étranger. Chez nous, la première étape pourrait être d’abolir officiellement le dogme du secret bancaire, ou plus exactement de ses restes. Quand admettra-t-on enfin qu’il est nuisible et contre-productif de servir de plate-forme internationale à l’évasion fiscale ? Dans le monde anglo-saxon, l’enjeu serait plutôt celui de la fiscalité et de la régulation bancaire. Quand admettra-t-on enfin qu’il faudra augmenter les impôts des milieux aisés pour rétablir l’assiette financière des Etats, ruinés par le sauvetage des banques ? Décidément, la bataille ne fait que commencer. Et comme dans les guerres, la maîtrise de la communication est un enjeu décisif. A cet égard, il serait temps que les médias se remettent quelque peu en question. Car ils ne manquent jamais de tendre le micro à la horde expertocratique.

 

  

 

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1.04.2017