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Roger Nordmann

Conseiller national

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Article - 1er mars 2011 - Banque et Finance 

La Suisse ou les banques?

Est-il bien sage pour la Suisse de miser encore davantage sur le secteur financier et de subordonner toute sa politique aux intérêts de ce secteur ?

Ces dernières années, l’osmose entre la place financière Suisse et l’Etat a atteint son paroxysme. Les pouvoirs publics – BNS et Confédération –  ont risqué 40 milliards pour sauver la plus grande banque suisse. Suivant les injonctions de la place financière, le Conseil fédéral a lutté désespérément pour retarder la chute du secret bancaire. Au point d’ailleurs que la doctrine du « non-négociable » s’est , par une de ces ironies dont l’histoire a le secret, traduite par un chute non-négociée. La Suisse n’a même  pas pu régler correctement la question de la régulation de l’argent gris du passé.

Sous le règne d’Hans-Rudolf Merz, quasiment tous les vœux de la place financière ont été exhaussés, en particulier en matière d’allègement fiscaux et de légèreté réglementaire. Aucun secteur économique n’a obtenu autant de soutien public et politique que la banque, les assurances, la fiduciaire  et l’administration des sociétés. Conséquence logique, ce secteur a énormément grandi. Plaider la poursuite de cette politique appartient « conventional wisdom » helvétique. Qu’il me soit permis ici d’exprimer une opinion dissonante.

La matière première de la place financière est un franc le plus fort possible, avec des perspectives ascendante. Les pouvoirs publics font tout pour renforcer le trend : inflation zéro, fiscalité très basse, faible coopération fiscale avec l’étranger, politique budgétaire très restrictive au détriment des investissements dans les infrastructures. Si cette politique est un engrais pour l’économie financière, elle étrangle de plus en plus le reste de l’économie, qui représente environ 85% des emplois. L’envol du franc prend une tournure dramatique pour un pays dont  60 % des exportations vont vers la zone euro. On assiste à une dichotomie malsaine entre l’économie réelle et la place financière. Le risque est que la Suisse se transforme peu à peu en un vaste Lichtenstein, avec une monoculture financière. Au-delà des aspects étroitement économiques, la diversité du tissu économique suisse représentent une valeur immatérielle très importante, car elle rend la vie en Suisse intéressante. Sans agriculture, sans PME, sans start-up industrielles, sans hautes écoles, sans tourisme, sans énergies renouvelables, sans scène artistique, notre pays serait d’une tristesse affligeante. Autre aspect important, la concentration de head-quarter est en train de poser un très sérieux problèmes d’aménagement du territoire et d’accès au logement pour la classe moyenne. Vivrons-nous vraiment mieux en attirant par des rabais fiscaux 50 hedges-funds supplémentaires Lausanne et Genève ? La question mérite d’être posée.

La subordination de la politique extérieure aux seuls intérêts de la place financière représente un risque majeur. Pour prendre un seul exemple, l’intégration du secteur électrique suisse dans l’Europe est bloqué par le dossier de la fiscalité des holdings des entreprises et par celui de l’échange d’information. A terme, cela menace les 2 milliards de bénéfice du secteur électrique. Coincée entre les exigences du secteur bancaire et l’évolution du contexte internationale, la Suisse a de plus en plus de peine à défendre ses intérêts. La chute brutale du secret bancaire est un signe annonciateur :  la politique pourrait être impuissante à maintenir durablement les avantages artificiels de la place financière suisse. Pour la simple raison qu’il n’est guère possible d’être une île de privilèges sans un océan en proie aux difficultés économiques. Il est serait donc prudent de réorienter la politique en faveur de l’économie réelle.

 

01.03.2011 www.banque-finance.ch 

  

 

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1.04.2017