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Roger Nordmann

Conseiller national

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Article - 24 Heures, 13.10.2008

 

Crise financière : comment empoigner l’avenir ?

A l’échelle planétaire, la responsabilité des idéologues néo-libéraux dans la crise actuelle apparaît clairement, et il est légitime de leur demander des comptes. Toutefois, dans l’immédiat, l’urgence est ailleurs :  la crise financière a beau provenir des excès du système financier lui-même, elle risque d’avoir des effets important sur l’économie réelle, y-compris en Suisse. Il faut donc empoigner le problème.

Le redémarrage de l’économie mondiale passe d’abord par la stabilisation du système financier. Cet exercice difficile évoque un multi-pontage après accident cardiaque. Dans le seul cas où les américains ont laissé mourir le patient (la banque Lehman Brothers), l’effet de contagion s’est avéré dévastateur, car les liquidités de millions de ménages et d’entreprises ont été gelées. Il n’y a donc guère de choix : si une banque suisse était menacée de faillite, il conviendrait d’intervenir, sous peine de subir une crise du type années 1930. Cette intervention devrait alors se faire comme en Angleterre, sous la forme d’une entrée dans le capital de la banque. En devenant actionnaire, l’Etat – donc les contribuables – a au moins la perspective de revendre ultérieurement leurs actions avec un profit. Les perdants étant alors les anciens actionnaires, sanctionnés pour avoir laissé leur établissement en de mauvaises mains.

Au-delà des soins d’urgence, nous aurons besoin d’un nouveau moteur économique. Ces dernières années, la bulle financière a largement entraîné le reste de l’économie. Ce moteur aujourd’hui discrédité ne retrouvera pas de sitôt sa dynamique. Contrairement aux autres branches, qui essayaient de contenir leurs coûts, la finance a grandi nettement plus rapidement que le reste de l’économie. Elle a monopolisé de plus en plus de ressources, notamment pour payer des bonus et des rendements astronomiques. Or, pour gérer l’épargne et le crédit, l’économie a beoin d’une branche financière efficace et non d’un parasite obèse. En Suisse, le réajustement sera d’autant plus douloureux que la finance génère un sixième du PIB et que la crise va accentuer les pressions sur le secret bancaire : après avoir racheté les actifs pourris de la division américaine de l’UBS, les United States of America tendront la facture politique.

On comprend qu’il faut préparer le redémarrage économique sur d’autres bases. A mon sens, quatre pistes sont à mettre en évidence :

  • L’assainissement énergétique et écologique de notre système économique, avec à la clef des investissements très substantiels, notamment dans les infrastructures et l’énergie.

  • L’investissement dans la société : formation des jeunes, formation continue, soutien à la famille. C’est une question de revenu, mais aussi de conciliation entre vie familial et professionnel. 

  • La répartition plus équitable du pouvoir d’achat. Comme le conseille Warren Buffet, l’homme le plus riche du monde, à Barack Obama, il faut monter les impôts des plus riches et redistribuer ces moyens à la classe moyenne, car celle-ci les réinjectera immédiatement dans l’économie.

  • La reconnexion de la Suisse avec la dimension politique de l’Europe, car la définition de mesures nationales pertinentes passe par une une co-décision à l’échelon du continent.

Le Parti socialiste est prêt à relever ces défis. Les partis bourgeois oseront-il lui tendre la main pour avancer dans la bonne direction ?

 

 

24 Heures, 13.10.2008

 

 

  

 

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1.04.2017