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Roger Nordmann

Conseiller national

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Article 19.8.2008

Enfin une attitude décomplexée du PS sur la sécurité publique

Le papier de position « la sécurité pour toutes et tous » n’a rien de révolutionnaire sur le fond. Et pourtant, il n’en constitue pas moins une petite révolution politique. Pour la première fois, le PSS présente son analyse, sa vision, ses positions et les 53 mesures qui en découlent.

En raison d’un vieux réflexe libertaire ou anti-policier, il subsistait parfois dans le discours du PS une opposition un peu stérile à la politique de sécurité publique, sinon un discours lénifiant peu crédible. A tort, car la politique de sécurité publique est nécessaire pour garantir des droits fondamentaux tels que la liberté de mouvement, la dignité, l’intégrité physique. La politique de sécurité publique est aussi étroitement liée à l’égalité et à la justice sociale : sans une action déterminée de l’Etat dans ce domaine, une partie de la population est exposée à de l’insécurité, parce qu’elle n’a, par exemple, pas les moyens d’aller habiter dans des quartiers plus huppés. En elle-même, la sécurité est d’ailleurs une des composantes de la justice sociale. Au demeurant, même des « petits » larcins, comme le vol d’un sac à main ou d’un vélo, ou encore le tagage d’une voiture, sont désagréables pour les victimes.

Cette vieille attitude d’opposition tranchait par ailleurs avec l’attitude du PS au quotidien dans les législatifs et les exécutifs : au niveau local et cantonal, le PS se bat depuis des années pour améliorer les conditions de travail et les effectifs de la police, donner à la justice les moyens de faire son travail et pour agir préventivement à tous les niveaux. Il y a là un paradoxe que je ne m’explique d’ailleurs pas complètement : les socialistes ont une assez bonne politique de sécurité publique sur le terrain, mais ne l’assument pas publiquement et se sont eux-mêmes mis en marge du débat.

Pourtant, la population attend d’un grand parti comme le PS une vision claire cohérente et nuancée. Le papier « la sécurité publique pour toutes et tous » répond dans l’ensemble à cette attente, malgré quelques défaut ça et là. Il pose tout d’abord un constat clair : la situation de sécurité publique en Suisse est relativement bonne, mais il y a des abcès de fixation qui posent problème et qui inquiètent à juste titre une partie de la population. Ces problèmes appellent des mesures concrètes, à la fois préventives et répressives.

Le papier trace ensuite les grandes lignes de la politique de sécurité publique du PS :

  • La sécurité publique dépend largement de prévention directe (présence policière, éducation, lutte contre la représentation de la violence, etc.) et indirecte, c'est-à-dire notamment des perspectives d’intégration socio-économique offertes aux jeunes et aux migrant-e-s.

  • La répression, sans être un but en soi, est nécessaire, à la fois pour des questions de justice et de sécurité. Mais cette répression doit respecter le principe de proportionnalité et ne pas devenir liberticide, car la sécurité publique vise justement aussi à protéger la liberté.

  • Il appartient aux collectivités publiques d’assumer directement les fonctions policières. L’Etat doit mettre assez de moyen pour disposer d’une police bien formée et dont les effectifs sont suffisants. La fonction policière ne se délègue pas au privé, sous peine de perdre sa crédibilité et sa légitimité, et finalement d’aboutir à une dégradation de la sécurité.

Cette position modérée est susceptible de susciter l’adhésion d’une large part de la population. Elle se distingue fondamentalement des deux autres positions, défendues l’une par les radicaux, et l’autre par l’UDC:

  • La politique du PRD, focalisée sur le moins d’Etat, n’est pas crédible : elle prétend corriger des problèmes, parfois en renforçant les lois, mais en ne donnant jamais à l’Etat les moyens de les mettre sérieusement en œuvre. C’est la méthode du laisser-faire et de la démission.

  • La politique de l’UDC consiste à dramatiser la situation pour angoisser la population et finalement gagner des voix par un discours répressif musclé. Mais dans les faits, l’UDC ne fait rien, même en matière de répression, parce elle refuse d’y consacrer les moyens nécessaires. Les quatre ans passés par M. Blocher à la tête du DFJP l’ont amplement démontré. De plus, l’absence d’un volet préventif efficace et réaliste à l’UDC est criante. La population est lasse de ce double langage dont les ficelles sont de plus en plus visibles.

L’erreur du PS dans le domaine était de laisser le terrain aux autres, sans défendre sa propre position. Cela laissait le champ libre à l’UDC en particulier, avec des effets délétères sur le sentiment de sécurité et sur la sécurité elle-même. En effet, laisser l’UDC peindre le diable sur la muraille et prôner la fiction du tout répressif est doublement négatif : premièrement, les gens s’angoissent au-delà d’une inquiétude raisonnable au sujet de problèmes concrets. C’est une ambiance de psychose qui s’installe. Deuxièmement, le climat politique ainsi généré empêche des mesures préventives qui contribueraient directement à une amélioration réelle de la sécurité.

J’espère donc que le Congrès entrera en matière sur ce papier, qui nécessite assurément encore quelques corrections, comme par exemple au sujet de la mendicité. Il faut cependant mettre au crédit de la nouvelle présidence d’avoir fait en sorte que PS empoigne le débat et que le débat puisse se tenir démocratiquement au sein du parti. A contrario, si le Congrès n’entrait pas en matière ou refusait en bloc le papier, le PSS se ridiculiserait, quoi qu’en disent certains donneurs de leçons retirés loin des grandes villes ou confortablement assis sur des chaires professorales.

 

www.roger-nordmann.ch 19.8.08

 

 

  

 

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