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19.3.2008Discours à l'occasion du débat urgent du conseil national sur la crise des marchés financiers et la fiscalitéMonsieur le président, chers collègues Ce débat urgent traite de trois sujets étroitement connectés, à savoir la crise des marchés financiers, l’avenir de la place financière suisse et la question des injustices fiscales. Ces trois sujets ne sont pas seulement étroitement liés par le thème, mais par les causes. Il en est une, de cause, que j’aimerai particulièrement souligner aujourd’hui. Je pense, vous l’avez compris, au système de rémunération des traders et des managers, et de l’avidité qui le sous-tend. Tout le monde s’accorde aujourd’hui pour reconnaître que ces systèmes ont poussé les banquiers à la faute. En poussant au gain à cours terme, ils ont favorisé les comportement moutonniers et la recherche de gain à n’importe quel prix, par exemple en investissant le marché pourris des sub-primes. Cela se paye aujourd’hui en dizaines de milliards de francs, sous la forme d’amortissements extraordinaires, dont nous n’avons malheureusement pas encore vu la fin. En comparaison, l’affaire Swissair ou les déboires de certaines banques cantonales ne représentaient qu’une peccadille. Tous imbus de leur mentalité avide et prétentieuse, les top-banquiers, MM. Ospel et Mirabeaud en tête, n’ont pas cessé de donner la leçon à l’Etat en matière de bonne gestion. Leur intention était double : affaiblir la régulation étatique et les autorités de surveillance, qui auraient par exemple pu poser à temps quelques gardes-fous contre les dérives que nous observons aujourd’hui. Et affaiblir l’Etat en général, notamment en délégitimant ses ressources fiscales. Lorsque dans la presse de hier, on lit que tous les experts appellent de leur vœux une intervention musclés et solide des banques centrales, on doit se pincer, surtout lorsqu’on sait que ces mêmes milieux n’avait cesse de vouer l’Etat, la régulation et les impôts aux gémonies. Aujourd’hui, on peut s’estimer heureux qu’il existe encore des Etats solvables, dotées de banques centrales solides, et pour certains d’entres eux, de fonds souverains, ce n’est pas notre collègue UDC Peter Spuler, membre du Conseil d’administration de l’UBS, qui me contredira, s’il avait pris la peine d’assister au débat. Cela montre clairement que l’avenir de la place financière passe par une régulation et une surveillance renforcée, qui devra inclure les systèmes de rémunération. L’avenir de la place financière passe aussi par une attitude plus responsable en matière fiscale. Il est dans l’intérêt de la Suisse et des Suisses de reconstruire la place financière suisse sur une base plus saine, c'est-à-dire de ne plus tolérer l’abus du secrets bancaire pour couvrir la soustraction fiscale de ces mêmes managers, qu’ils soient suisses ou étrangers. Car au final, en Suisse comme à l’étranger, les cocus de la triche fiscale sont les salariés, les rentiers et les petits indépendants. Ils ne peuvent utiliser des montages financier pour échapper à l’impôt, et d’ailleurs ne le veulent pas, car ils sont honnêtes. Mais au final, ils payent des impôts plus élevés que nécessaire parce qu’une élite financière avide se croit au-dessus des lois fiscales. Cela ne peut plus durer. Le PS a souvent mis en garde contre les effets pernicieux de la mentalité avide qui prévaut sur la place financière et les politiques de rémunération inconsidérée, car ces pratiques menacent la cohésion sociale et la morale fiscale. On s’aperçoit aujourd’hui qu’elles menacent la solidité et la pérennité de la place financière elle-même. Il est temps, Messieurs les banquiers, de revenir à la raison. 19.3.08
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Contact: Roger Nordmann, Rue de l'Ale 25, 1003 Lausanne, Twitter @NordmannRoger 1.04.2017 |