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Article 24 Heures, 14.6.2007 Congé
paternité
Le
partage équitable des tâches familiales et professionnelles au sein
du couple me paraît fondamental. Chaque parent a le droit d’être présent
auprès des enfants et d’exercer une activité à l’extérieur du
foyer, si possible source d’épanouissement. Et chaque enfant a le
droit à une relation intensive et directe avec ses deux parents. Cela
suppose une présence suffisante de chacun des parents, et non pas
l’hyper-présence de l’un et l’hyper-absence de l’autre.
Pour
que ces aspirations puissent se concrétiser dans la vie réelle, il
est indispensable d’apporter aux familles un appui, tant sur le plan
financier (allocation familiale et fiscalité) que de l’organisation (structure
d’accueil, harmonisation des horaires scolaires, etc).
A
cet égard, il faut lever d’emblée un malentendu : le but de
ces dispositifs de soutien aux familles ne consiste pas à ce que les
deux parents puissent travailler à 100% et déléguent complètement
la garde des enfants. Les enfants et les jeunes ont besoins de la présence
des parents, ne serait-ce que pour structurer leur emploi du temps et
assimiler les règles de la vie en société. Ce soutient contribue
simplement à éviter de tomber automatiquement dans une répartition
du travail salarié de type 120% pour l’un et 0% pour l’autre. Or
c’est ce qui arrive assez mécaniquement lorsqu’il est impossible
de trouver une place en crèche, lorsque les trois enfants commencent
l’école à des horaires différents ou lorsque ils ne peuvent pas
manger à l’école à midi.
A
mon sens, des taux d’activité entre 60% et 80% constituent
l’optimum pour les parents de jeunes enfants. Cela suppose bien
entendu que les employeurs offrent, pour les hommes également, des
postes à temps partiel. Et que le niveau des salaires les plus bas
soit suffisant pour permettre aux familles de vivre décemment avec un
taux d’occupation cumulé de l’ordre de 150%.
Dans
tous cela, le congé paternité a une fonction bien particulière :
permettre au néo-papa de mettre d’emblée le pied à l’étrier.
Pour paraphraser un célèbre psychologue américain qui s’exprimait
sur le développement des jeunes enfants, on pourrait dire, au sujet
des jeunes pères, que tout se joue avant six mois. Le congé paternité
doit aussi inspirer confiance à la néo-maman au moment de reprendre
son travail : « oui, le
papa s’en occupe aussi bien que moi lorsque je suis au travail».
A cela s’ajoutent évidemment des aspirations affectives des jeunes pères
(« je veux être près de mon
enfant ») et des considérations pratiques : l’arrivé
d’un enfant est une phase très exigeante, et l’on est pas de trop
à deux pour y faire face, d’autant plus que le sommeil est souvent
mis à rude épreuve.
Par
souci de réalisme politique, ma motion ne demande que « quelques
semaines », alors qu’au fond, il n’y a pas vraiment de raison
d’octroyer un congé plus court aux pères qu’aux mères. Mais
c’est justement ce choix d’une exigence modeste qui a permis de réunir
une majorité de 78 à 74 lors de la session de mars 2007. Une fois
qu’un congé paternité de quelque semaine sera ancré dans la loi,
on pourra alors songer à son extension. Il s’agit maintenant de
passer l’étape du Conseil des Etats, vraisemblablement après les élections.
A noter que les associations Männer.ch
et Pro Familia ont décidé,
après le vote favorable du Conseil national, de constituer une
plate-forme de soutien au congé paternité. 24 Heures, 14.6.2007
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Contact: Roger Nordmann, Rue de l'Ale 25, 1003 Lausanne, Twitter @NordmannRoger 1.04.2017 |