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24 Heures, 1.12.06 Echange de lettres de lecteur suite au débat: "l'écologie peut-elle être de droite"? Le rêve de M. Jean-Claude Keller se réalise
Dans
son courrier des lecteurs du 29.11.06 (voir ci-après), M. Keller
disait rêver d’un article écrit et signé conjointement par
Isabelle Chevalley et Roger Nordmann. Le voilà.
En
préférant d’une part le centime climatique à la taxe CO2
et opposant d’autre part économie et politique climatique, M.
Keller nous semble commettre deux erreurs d’appréciation. Le centime climatique est un prélèvement privé de 1,5 centime par litre d’essence et de diesel. Il a été imposé par les importateurs de pétrole, dans le but d’éviter la taxe d’une dizaine de centime. Juridiquement, c’est une sorte d’impôt privé. La manœuvre des « pétroliers » est limpide : en investissant à l’étranger dans des projets de réduction des émissions de CO2, ils veulent éviter une baisse de la consommation nationale de produit pétroliers, afin de sauver « leur » marché. La taxe sur le CO2, dont ils ont pour l’instant réussi à empêcher l’introduction, vise au contraire à obtenir des réductions en Suisse. Contrairement au niveau ridicule du centime climatique, la taxe aurait un niveau suffisant pour inciter à investir ici dans la réduction des émissions. Outre l’avantage climatique, cela permet de réduire la dépendance de notre pays au pétrole. Sur un aspect, M. Keller a raison : plutôt que redistribuer bêtement le produit de la taxe via les caisse maladie et AVS, il vaudrait mieux l’investir dans des programmes d’assainissement, par exemple pour l’isolation des bâtiments. Cette solution, défendue par les deux soussignés, n’a malheureusement pas obtenue de majorité au Conseil national en juin. Quant à l’idée selon laquelle la préservation du climat coûterait à l’économie, elle est totalement erronée, comme l’a démontré Sir Nicholas Stern dans sont rapport au gouvernement britannique : d’une part, subir les conséquences qu’un fort réchauffement climatique coûtera quatre fois plus cher que les mesures préventives nécessaires à l’éviter. D’autre part, l’assainissement des bases énergétiques de notre civilisation est générateur d’emplois. Il suffit, par exemple, de penser aux emplois dans l’isolation ou à l’entreprise flex-cell d’Yverdon-les-bains, leader mondial des cellules solaires souples. Isabelle Chevalley, Présidente d’Ecologie libérale Roger Nordmann, Conseiller national socialiste, membre de la Commission de l’énergie. 24 H du 29.11.06 ÉCOLOGIE Pas l'apanage d'un parti A propos des réflexions d'Isabelle Chevalley et de Roger Nordmann sur l'écologie (24 heures du 13 novembre 2006): Espérons qu'un jour tous les politiciens, de gauche comme de droite, réaliseront que les questions d'écologie ne sont l'apanage d'aucun parti, même pas celui des Verts! Considérer ces questions sans stratégie de concertation et sans englober les critères économiques et sociaux n'a aucun sens. C'est pourquoi l'écologie doit être prise en compte dans la réflexion de tous les partis politiques. Il est temps de se mettre ensemble pour trouver les meilleures solutions aux défis qui se posent. Comment diminuer nos rejets de CO2 sans trop pénaliser notre économie? Comment inciter les propriétaires à améliorer l'isolation thermique des bâtiments? Sous quelle forme introduire le développement durable au sein de notre société? Quel programme d'éducation mettre sur pied? Comment réconcilier mobilité individuelle et mobilité collective? etc. Je rêve d'un article écrit et signé conjointement par Isabelle Chevalley et Roger Nordmann!… Il faut être bien naïf pour croire que la taxe CO2 pourra avoir un effet dissuasif sur nos rejets de CO2! En effet, son produit devra être redistribué à chaque citoyen et on imagine déjà le faire par le biais de l'assurance maladie. Chacun pourra donc réinvestir cet argent, par exemple pour acheter de l'essence pour sa voiture… Cherchez l'erreur, M. Nordmann! Une autre voie, celle du centime climatique sur les carburants développe déjà des effets positifs, puisque l'argent récolté pourra être, par exemple, réinvesti dans des projets d'isolation thermique de bâtiments, par voie de subventions. les partis devraient bien réfléchir à cela, et plutôt qu'une taxe sur le CO2 pourquoi ne pas proposer 5, 10 ou 20 ct climatiques sur les combustibles! Jean-Claude Keller, Epalinges
24 Heures, 1.12.06
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Contact: Roger Nordmann, Rue de l'Ale 25, 1003 Lausanne, Twitter @NordmannRoger 1.04.2017 |