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Article Le Temps, 19.8.06 Interview sur la transparence du financement des partis et l'affaire Swissfirst «La polémique autour de Swissfirst aura des conséquences politiques à plusieurs niveaux», assure le conseiller national Roger Nordmann (PS/VD). Son initiative parlementaire en faveur de la transparence dans le financement des partis a certes été rejetée jeudi après un premier examen de la commission compétente, par 9 voix contre 8. «Mais ce score serré permet de nourrir des espoirs pour le débat aux Chambres, d’autant que les parlementaires auront été sensibilisés par le cas Swissfirst», estime le socialiste vaudois. Pour rappel, cette affaire a vu six caisses de pension vendre leurs actions de Swissfirst et Bank am Bellevue pour permettre une fusion entre ces banques. Par ailleurs, les socialistes sont décidés à attaquer de front le «réseau» UDC dans les milieux d’affaires, puisqu’un conseiller national démocrate du centre, Hans Kaufmann, est impliqué. Le Temps: Quels sont les premiers enseignements que vous tirez de l’affaire Swissfirst? Roger Normdann: L’UDC a un réseau dans le milieu d’affaires tout aussi présent que les radicaux à une époque. La position pour le moins trouble de l’UDC Hans Kaufmann, qui siégeait notamment au conseil d’administration de Swissfirst, en est une illustration. Mais ce qui distinge l’UDC, c’est son idéologie de l’amoralité. Les radicaux avaient un réseau qui émanait de leur position fondatrice de l’Etat. L’UDC, au contraire, a appliqué une tactique qui consiste à tout vouloir «bouffer», en terme d'argent et de pouvoir. – Le PS, mais peut-être aussi les radicaux, vont en profiter, à un an des élections, pour attaquer l’UDC... – Nous allons évidemment agir sur ce thème à connotation morale. Le dilemme est plus grand chez les radicaux, qui vont devoir faire une pesée d’intérêts. S’ils attaquent, l’UDC va leur tendre le miroir. Pourtant, les radicaux sont plus touchés par d’anciennes affaires comme Swissair, alors que le réseau d’aujourd’hui est bien UDC. – Quel rapport entre cette affaire et le financement des partis? – On ne connaît que les sources de financement des libéraux, qui ont fait l’objet de fuites dans la presse. On voit à travers cet exemple qu’il y a une très forte participation des milieux financiers (banques, assurances, etc.). Or, quand une entreprise donne 100'000 francs dans un parti, ce n’est plus du mécénat, mais du sponsoring: le donateur attend un retour sur investissement. Je ne remets pas en cause l’honnêteté des parlementaires pris individuellement, même celle de ceux qui siègent au sein de conseils d’administration des caisses de pension. Mais par la force des choses, un parti financé en partie par ces caisses aura tendance à s’opposer à un renforcement de la surveillance des caisses de pension. C’est ainsi qu’on en arrive à des affaires Swissfirst. La transparence permettrait aux électeurs d’évaluer les intérêts et les responsabilités des partis.
(interview Ron Hochuli)
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Contact: Roger Nordmann, Rue de l'Ale 25, 1003 Lausanne, Twitter @NordmannRoger 1.04.2017 |