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Articles 24 Heures, 10 novembre 2005 Souris ou citoyens en cage? Faut-il, pour combattre les excès de la médecine de pointe et de l’industrie pharmaceutique, refuser l’aménagement d’une animalerie publique dans un bâtiment existant de l’Université de Lausanne ? J’en doute. La question est bien plutôt de savoir quels sont les moyens que nous nous donnons pour orienter la recherche dans un sens qui soit utile à la société dans son ensemble, et pas seulement aux multinationales pharmaceutiques. En pratique, le financement de programmes et d’infrastructures de recherche par l’Etat rend possible l’indépendance des scientifiques. L’actualité livre un parfait contre-exemple : l’industrie du tabac a acheté un célèbre professeur de droit de l’Université de Genève, parvenant ainsi à répandre un nuage de fumée sur les nuisances du tabagisme passif. Ce cas spectaculaire illustre comment les multinationales cherchent à manipuler les chercheurs. Si le financement public ne garantit pas de manière absolue l’indépendance de la recherche, il permet au moins à ceux parmi les chercheurs qui ont une certaine tenue de ne pas se vendre au premier bailleur de fonds venu. Si, après avoir approuvé le projet triangulaire et ses développements biomédicaux en 2001, le peuple refuse les animaleries, les chercheurs n’auront qu’un seul plan B : sous une forme ou sous une autre, ils se feront sponsoriser les souris par les grandes entreprises du secteur. Ce qui permettra à ces dernières d’étendre encore un peu plus leur influence. Est-ce vraiment cela que veulent tous les adversaires de l’animalerie ?
24 Heures, 10 novemvre 2005
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Contact: Roger Nordmann, Rue de l'Ale 25, 1003 Lausanne, Twitter @NordmannRoger 1.04.2017 |