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Roger Nordmann

Conseiller national

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Article Le Temps, 2.8.05

M. Blocher, idéologue en chef des néonazis sur le Rütli

L'invasion du Rütli par une horde de néonazis le 1er Août est affligeante. En tentant d'empêcher le président de la Confédération de parler, ces gens montrent qu'ils ne respectent pas les principes démocratiques élémentaires. En manifestant sans autorisation à Brunnen, ils montrent le peu de cas qu'ils font des lois. Et l'usage abondant des symboles hitlériens montre quel est leur projet. Ce dérapage n'arrive pas de manière subite, et il s'agit de s'interroger sur les éléments qui l'ont rendu possible, et désormais quasiment inévitable.

En premier lieu, il convient à cet effet de disséquer l'idéologie et les motivations de ces nazillons à la sauce helvétique. Au-delà des prédispositions psychologiques de chacun d'entre eux, on peut mettre en évidence dans leur discours et leurs attitudes les éléments suivants:

1) haine de l'étranger, des personnes de couleur et de manière générale des minorités et de toute forme de diversité culturelle;

2) sur-identification avec la Suisse (alémanique) comme patrie mythifiée;

3) haine de toute forme de coopération internationale et sentiment de supériorité nationale;

4) culte des symboles guerriers et masculins;

5) mépris des règles de l'Etat de droit et de la démocratie, absence de respect d'autrui, culte du chef.

Si les nazillons du 1er Aoûtoût se sentent si forts, c'est que leur projet n'est que la variante extrémiste du programme de l'aile dur majoritaire à l'UDC, comme le montre la stupéfiante concordance entre les cinq points ci-dessus et le discours de ce parti. Le fait qu'ils s'en soient pris personnellement à Samuel Schmid, conseiller fédéral minoritaire à l'UDC, n'est pas un hasard: en le qualifiant de "traître", de "Judas", de "porc" et de "demi-conseiller fédéral" ayant "baissé son froc", ils entendent "épurer" leur propre camp, afin d'avoir ensuite la force de "purifier" la Suisse. Face à ce vocabulaire que l'on croyait disparu le 30 avril 1945 dans un bunker de Berlin, il faut saluer l'effort volontariste de Samuel Schmid pour prononcer son discours jusqu'au bout.

Mais ce volontarisme est aussi une forme de faiblesse, car on persiste à ne voir dans cette vague idéologique qu'un phénomène isolé et marginal. Or pour la combattre, il faudrait d'abord en prendre la mesure et admettre qu'en réalité, sous sa forme costard-cravatte, elle a envahi les institutions. Désormais, l'idéologue en chef de cette horde, qui n'est autre que l'inventeur de la formule "demi-conseiller fédéral", siège au gouvernement de ce pays.

Fort de cette tribune, M. Blocher ne rate pas une occasion de mythifier la patrie. Il mène une politique qui rend plus difficile l'intégration des migrants, en hésitant jamais à faire de ces derniers des boucs émissaires. Il attaque régulièrement les fondements de l'Etat de droit, par exemple en envisageant publiquement de dénoncer la Convention européenne des droits de l'homme ou en s'en prenant à l'indépendance du Tribunal fédéral. Avant son élection, il avait déjà à son passif une longue liste de triades méprisantes sur les autres partis politiques, les institutions démocratiques et les catégories de population vulnérables.

Pour les partis républicains, au rang desquels j'espère encore pouvoir compter tous les radicaux et les PDC en plus de la gauche et des Verts, il s'agit maintenant de serrer les rangs. Il faut combattre énergiquement ces milieux qui ne savent définir la Suisse qu'en opposition avec l'extérieur. Pas seulement parce que cette idéologie nuit à la prospérité économique, mais surtout parce qu'elle est liberticide et funeste.

A cet effet, il faut développer pour ce pays un projet dans lequel une grande majorité puisse se reconnaître et trouver son compte. A sus des défis environnementaux, ce projet devra offrir de bonnes perspectives socio-économique à toute la jeunesse de ce pays. Mais après ce 1er Août, les radicaux doivent aussi annoncer clairement qu'ils ne rééliront pas M. Blocher au Conseil fédéral. Car à l'heure du choix, il ne sera plus permis de tergiverser.

 

 

Le Temps, 2.8.05

 

  

 

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1.04.2017