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Article 24 Heures, 5 mars 2005 Votations cantonales du 17 avril 2005
Quinze ans de déficit, ça suffit, oui à un effort équitable Depuis
quinze ans, un déficit tenace persiste dans les comptes de l’Etat de
Vaud, faisant augmenter le poids de la dette et paralysant de plus en
plus le canton. Les programmes d’économie se succèdent, mais le mal
ne se résorbe que très lentement, parce que l’Etat ne peut pas se
soustraire à ses responsabilités : lorsque le monde économique
se durcit, le nombre de personnes dépendant de l’aide sociale
explose : 12'000 en 1990 contre 22'000 aujourd’hui. Lorsque le
nombre d’élèves s’accroît (+13'000 en un décennie), il faut
ouvrir des classes. Tout comme il faut faire face à l’augmentation
du nombre de personnes de plus de 80 ans. En pratique, les programmes
d’économie ont permis de libérer des moyens pour financer ces
charges supplémentaires. Mais ils n’ont pas suffit à faire disparaître
le déficit. Au
fil des ans, on a fermé des hôpitaux, augmenté le nombre d’élèves
par classe, raboté les augmentations de salaires des fonctionnaires.
En automne 2004, le Grand Conseil a pris des mesures encore plus
drastiques : baisse des salaires nominaux pour la moitié des
employés de l’Etat, réduction du budget des églises, des
subventions aux EMS, des cours à options, etc. Pour la première fois
dans l’histoire du canton, les dépenses 2005 seront inférieures à
celles de l’année précédente. Ces
mesures d’économies touchent toutes les catégories de la
population, à l’exception des plus
fortunés. En effet, si
vous avez les moyens d’offrir des écoles et des universités privées
à vos enfants, de vous réserver une place en EMS de luxe et de vous faire soigner dans des hôpitaux privés,
vous ne sentez guère l’effet des mesures d’économies. Estimant à
juste titre que cette catégorie privilégiée pouvait aussi faire un
effort, le Conseil d’Etat vous propose de rehausser de manière ciblée
les impôts des contribuables les plus aisés. En pratique, on peut évaluer
que les contribuables dont la fortune nette imposable dépasse fr.
300'000.- payeront 80% de l’effort fiscal supplémentaire. On
objectera que cette catégorie de population paye déjà beaucoup
d’impôt. C’est juste, mais elle bénéficie aussi des prestations
de l’Etat, de manière indirecte. En effet, la main-d’oeuvre bien
formée dans les écoles publiques et des infrastructures de qualité
contribuent grandement à la bonne marche des affaires. Sans parler du
fait que lorsque des difficultés économiques se présentent, ces mêmes
milieux n’hésitent pas à licencier des employés, ce qui revient à
se décharger sur l’Etat. Il est donc juste qu’elle participe aussi
à l’effort. Pour
combattre ces hausses ciblées de la fiscalité, la propagande des référendaires
répète que l’Etat n’a jamais encaissé autant d’argent
qu’aujourd’hui. Cette affirmation est exacte si l’on regarde la
valeur nominale. Malheureusement, la propagande des référendaire omet
l’explication : depuis 1990, le canton a 11 % d’habitants en
plus et il y a eu 24% d’inflation. En
soulignant l’augmentation en francs, sans l’explication, les référendaires
essayent de vous faire croire que les impôts ont déjà été augmentés,
pour que vous votiez non, dans un geste de mauvaise humeur. Or rien
n’est plus faux : en réalité, à part des modifications cosmétiques,
les taux d’impôts n’ont
pas changé depuis 1990. Pour ceux qui en douteraient, un regard sur la
« quote-part fiscale » montre qu’en pratique, les impôts
ont même très légèrement baissé au cours des dernières années :
en 1990, le total des impôts communaux et cantonaux représentait
16,6% de l’ensemble des sommes gagnées par les ménages et les
entreprises vaudois dans le canton cette année-là (= « PIB
cantonal »). En 2002, ils représentaient plus 15,9% . C’est
donc bel et bien une légère baisse à laquelle on a assisté. Pour
bien situer les ordres de grandeur, il faut savoir que les hausses d’impôts ciblées proposées
le 17 avril représentent 0,16% du revenu cantonal. Si vous votez
« OUI », on passera à une quote-part fiscale d’environ
16,1%, toujours inférieure à ce que l’on payait au début des années
1990. C’est donc tout à fait raisonnable pour sortir le canton de
l’ornière financière.
24 Heures, 5 mars 2005
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Contact: Roger Nordmann, Rue de l'Ale 25, 1003 Lausanne, Twitter @NordmannRoger 1.04.2017 |