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Article Socialiste! - 15.10.01 Refus de la privatisation de la BCV: Les Vaudois avaient une longueur d’avance ! Par Roger Nordmann, 15 octobre 2001 La faillite de Swissair a montré le rôle crucial que jouent les banques dans l’économie. Rétrospectivement, ces événements désastreux démontrent de manière limpide que les Vaudoises et les Vaudois ont eu raison de ne pas abandonner le contrôle de leur banque cantonale. Cela évitera à de nombreuses entreprises d’être à la merci de grandes banques sans ni foi ni loi ! Mais l’enjeu dépasse le domaine bancaire. Malgré la faible participation, le résultat du 23 septembre est sans appel : 55,4% des votants ont refusé de privatiser la BCV. Ce résultat a de quoi surprendre dans un canton traditionnellement ancré à droite : avec l’arrogance qui les caractérise, les banquiers n’affirmaient-ils pas ce printemps que le vote ne serait qu’une simple formalité ? En examinant la géographie du vote, on constate sans surprise que le NON a fait le plein des voix dans le régions traditionnellement ancrées à gauche. Ce qui est en revanche plus étonnant, c’est la victoire du NON dans de nombreux fiefs de la droite, notamment dans l’arrière-pays. Manifestement, la machine à gagner de l’Entente vaudoise s’est grippée. Tentative d’explication A part la quincaillerie idéologique du « moins d’Etat » et des « conditions-cadres », il n’y a avait pas de bons arguments pour privatiser la banque. En revanche, les arguments contre la privatisation – en particulier ceux sur le crédit aux PME et le service public dans les régions – étaient à la fois concrets et pertinents. On a beau être inscrit au parti radical, lorsqu’on est patron d’une petite entreprise et que la poste ne livre plus les paquets dans les temps et à un prix raisonnable, cela pose problème. Confrontée quotidiennement à la dégradation du service, une partie de la clientèle électorale de la droite est en train de réaliser que le libéralisme absolu est un ogre qui mange ses enfants. Notre comité « Non au bradage de la BCV » ne s’est pas gêné d’exploiter la faille : nous avons écrit à 12'000 petites et moyennes entreprises (PME), en leur expliquant l’enjeu et en leur proposant de soutenir financièrement notre campagne par l’achat « actions ». Au grand dam des associations patronales, qui y voyaient une incursion sur leur chasse gardée, cette action a produit ses fruits, puisque les PME ont financé un tiers de la campagne. Le vent tourne, mais… Depuis les attentats du 11 septembre, pas un éditorialiste ne manque de souligner le retour en force de l’Etat. Au plan national, le report craintif de la votation sur le marché de l’électricité était un premier indice. Le refus de privatiser les entreprises électriques à Zürich, Nidwald et au Tessin en constitue autant d’autres. La droite dure croyait s’en tirer en affirmant que c’était la libéralisation mal conçue en Californie qui faisait peur, mais que la version suisse était adéquate. A cet égard, le vote vaudois sur la BCV tombe à point : il montre que la population désapprouve les privatisations même dans des domaines moins connus du grand public. Opportuniste à souhait, la droite se met soudainement à louer les interventions étatiques. Ce volte-face prend parfois des formes franchement cocasses : les grands libéralisateurs, par ailleurs membres de l’ancien Conseil d’administration de SAIR Group, viennent aujourd’hui pleurnicher auprès de la Confédération pour qu’elle répare le joujou qu’ils ont largement contribué à crasher. On ne peut que se réjouir de cet affaiblissement des anti-étatistes primaires : notre combat a fini par porter et cela nous permettra vraisemblablement de faire quelques avancées politiques en faveur de l’intérêt général. Mais, comme au début de l’offensive néolibérale, la droite dure va vraisemblablement concentrer le tir sur les recettes fiscales, en essayant de jouer la politique du robinet fermé. Nous devrons également être capable de gagner ce combat-là. Prochainement, il va falloir lutter contre le festival de cadeaux aux riches contribuables qu’a récemment adopté le Conseil national. Au niveau vaudois, la lutte contre l’initiative libérale sur l’abolition de l’impôt sur les héritages sera décisive : si elle passe, l’Etat de Vaud, déjà affaiblit, ne pourra plus innover pour satisfaire les besoins de la population. Par exemple en finançant des garderies. RN
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Contact: Roger Nordmann, Rue de l'Ale 25, 1003 Lausanne, Twitter @NordmannRoger 1.04.2017 |