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Article Domaine Public, 26 mai 2000 Péréquation EtaCom: Après le vote, quelles leçons peut-on en tirer? Le porte-monnaie, puis les syndics Par Roger Nordmann, 26 mai 2000 On l’avait dit et redit, la votation EtaCom serait celle du porte-monnaie. Au soir des votes vaudois et neuchâtelois, on peut effectivement constater que «solidarité bien ordonnée commence par soi-même». Le graphique ci-dessous met en évidence le lien très fort entre l’impact de la péréquation sur une commune et le taux d’acceptation du projet. Si le lien est très fort, il n’est pas absolu. A l’évidence, d’autres facteurs ont joué, car certaines communes ont une position malgré tout assez éloignée de la «moyenne». Deux hypothèses pour expliquer l’écart entre le résultat du vote et la prévision mathématique.
Faible écho des partis La première hypothèse est celle du lien partisan: là où radicaux, socialistes et verts sont forts, on pouvait s’attendre à ce que le «oui» soit plus marqué. L’analyse montre cependant que cet effet est négligeable. Tout au plus devine-t-on un léger effet positif d’une forte implantation radicale, de l’ordre de 3 ou 4 % dans les communes qui gagnent entre 15 et 25 points avec la péréquation. En effet, un syndic qui s’engage pour le « non» fait diminuer de 17% l’acceptation! Un syndic qui s’engage pour le projet amène 4% de «oui» en plus. Une leçon de politique Les adeptes vaudois du libéralisme peuvent à la fois rire et pleurer. Rire parce que chacun vote selon ce qu’il croit être l’intérêt de son porte-monnaie. L’égoïsme est donc bien le moteur fondamental des comportements électoraux. Pleurer parce que le courant néo-libéral a perdu son combat en première ligne contre la péréquation: faisant fi de toute solidarité, les paradis fiscaux et leurs représentants politiques ont tenté de défendre leur magot, considérant ce combat légitime: à leurs yeux, la société se porte au mieux si chacun poursuit son intérêt particulier. L’ennui, c’est que lorsqu’on est égoïste minoritaire, on perd… Globalement, ce résultat est un signe d’espoir pour les partis de gauche : il est possible de gagner des votations de solidarité lorsqu’une majorité y trouve son compte. Sous certaines conditions:
Une volonté de changement On ne saurait conclure cette analyse sans se réjouir du camouflet infligé à la Fédération patronale vaudoise (FPV). Clairement désavouée, sa ligne politique réactionnaire aura nettement moins de poids à l’avenir. Sa défaite devrait provoquer une crise interne, dès lors que ses membres n’ont pas du tout apprécié la décision autocratique de son comité de lancer le référendum contre EtaCom. On se prend même à espérer qu’il sera pour son directeur, Jean-François Cavin, ce que fut la campagne de Russie pour Napoléon: une entreprise mégalomane et hors de propos qui accéléra la chute de son initiateur… Tableau : Pourcentage de
« Oui » en fonction de l’effet de l’effet de la
péréquation et de l’engagement du syndic.
[1] Engagement = adhésion à un des deux comités. Domaine Public, 26 mai 2000
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Contact: Roger Nordmann, Rue de l'Ale 25, 1003 Lausanne, Twitter @NordmannRoger 1.04.2017 |