Décidément
la politique d'asile manque de cohérence. Mme Metzler
a indiqué qu'elle entendait diminuer
l'Attraktivität de la Suisse pour les
réfugiés du Kosovo, et que cela passait par la
diminution de l'accès à la formation. Or c'est
pourtant l'inverse qu'il s'agirait de mettre en uvre.
En offrant une formation aux Kosovars, de l'école
enfantine à l'université, on facilite la
reconstruction du Kosovo et on limite le risque de
criminalité pendant le séjour des jeunes
Kosovars en Suisse. Le droit à la formation vaut pour
tout le monde, y compris pour les Kosovars.
La notion même d'Attraktivität, difficilement
traduisible, dénote un emprunt inadéquat au
vocabulaire de la promotion économique:
l'Attraktivität de la Suisse ne dépend pas du
fait que les Kosovars sont bien traités en Suisse,
mais au contraire du caractère peu attraktiv de la
vie des personnes déplacées par le nettoyage
ethnique. Les liens existant entre la Suisse et le Kosovo
sont aussi un héritage de l'immigration de nombreux
saisonniers dans les années quatre-vingt.
Pour justifier sa politique, la nouvelle conseillère
fédérale a encore aggravé son cas: en
affirmant, au cours d'une conférence de presse en
compagnie de Messieurs Deiss et Ogi, vouloir anticiper une
vague de xénophobie, elle contribue largement
à la générer; en voulant parer Blocher,
radicaux et PDC entrent en réalité dans son
jeu. Peut-être inspirée par son ancien
métier de ministre des Finances à mi-temps en
Appenzell, Mme Metzler a affirmé que 60'000 Kosovars
représentent le maximum de ce que la Suisse peut
accueillir. Un dépassement mettrait selon elle en
péril les finances de la Confédération!
Quand on sait que les comptes de la
Confédération étaient
équilibrés l'année passée, cela
laisse songeur.
Enfin, last but not least, le Conseil fédéral
a imaginé le concept de Warteräume,
littéralement salles d'attente, pour
décrire l'espace dans lequel les
réfugiés surnuméraires seraient
parqués en attendant de pouvoir entrer dans le
système légal de l'asile. Il a
été précisé qu'il ne s'agissait
pas de Lager, ce qui devrait nous rassurer. En effet, le
vocabulaire utilisé était assez proche de
celui de la régulation hydrique du niveau des cours
d'eau, dont on a abondamment parlé à la fonte
des neiges ce printemps. Quant à Joseph Deiss, il a
reçu la mission d'aller convaincre les pays de l'UE
et de l'OTAN d'accueillir une partie des
réfugiés dont nous ne voudrions pas. On
imagine l'accueil des gouvernements européens qui
dépensent des milliards pour mettre sur pied une
force d'interposition et un plan de reconstruction devant
permettre aux Kosovars de rentrer à la maison. Oui,
décidément la barque est pleine, mais c'est
celle de l'incohérence du Conseil
fédéral.
R.N.